mercredi 14 mai 2014

Voici ma dernière lecture, l'histoire de l'Autriche et ensuite de l'Autriche-Hongrie m'a toujours très intéressé et avec ce livre qui traite de la période 1914-1920 je me suis régalé. La partie 1918-1920 est quand même relativement succincte.
Je le conseil à tous les amoureux de la monarchie habsbourgeoise.




Je reprend un extrait de l'avant-propos de l'auteur, du à un problème de temps je m'en excuse d'avance.



Extrait

Extrait de l'avant-propos

Voici maintenant près de quarante ans que j'ai pris la Vieille Autriche pour champ privilégié de mes recherches. Après une thèse d'État consacrée aux fondements du conservatisme autrichien, plusieurs biographies ont jalonné ce parcours, ponctué d'innombrables séjours à Vienne d'abord, mais aussi dans nombre de villes de l'ancienne Monarchie où m'avait amené le dépouillement de fonds d'archives. Il était comme inscrit dans la nature des choses que viendrait le moment où je m'interrogerais sur le dénouement de cette prestigieuse histoire. Produit d'une lente maturation, ce moment est venu. A vrai dire, sans aller jusqu'au bout du sujet, je l'avais déjà abordé. Cette interrogation est inévitablement au cœur d'une biographie de François-Joseph. De leur côté, Rodolphe et François-Ferdinand étaient hantés, chacun à sa manière, par la vulnérabilité de la Monarchie à des périls qui, estimaient-ils, risquaient de l'emporter, s'il n'y était porté remède.

Au fond, la question est simple, si la réponse ne l'est pas : la monarchie austro-hongroise était-elle, à la veille de la guerre, un mort en sursis ? En d'autres termes, devenue l'«autre malade de l'Europe», était-elle condamnée à disparaître de la scène de l'Histoire ? Héritage d'un long passé, elle incarne un principe multinational qui n'a pas alors d'équivalent en Europe. Surtout que la dynamique du XIXe siècle, en confortant le principe antagoniste de l'État-nation, est allée dans le sens radicalement contraire. A ce titre, l'Autriche-Hongrie apparaît à certains comme un anachronisme, comme le dernier témoin du monde d'hier dans l'Europe du début du XXe siècle.
La messe n'est pourtant pas dite. Il est vrai que l'empire de François-Joseph est entré sur la pente du déclin après le coup reçu à Sadowa en juillet 1866, coup confirmé, voire aggravé, en juillet 1871 dans la galerie des Glaces avec la proclamation de l'Empire allemand. Toutefois, malgré le recul de son influence, elle figure encore au rang des grandes puissances européennes. À ce titre, elle est partie prenante de ce qu'il est convenu d'appeler le «concert européen» que l'on a encore vu à l'oeuvre après la première guerre Balkanique.

Les guerres Balkaniques sont précisément le terreau de la Grande Guerre, qui commence comme un troisième conflit balkanique. L'Autriche-Hongrie en a tiré la détermination de ne plus rien tolérer de la Serbie dans laquelle elle voit désormais son principal ennemi. Elle prend certes la responsabilité du recours aux armes contre Belgrade, mais elle lui donne le sens d'une action défensive contre les nationalismes à l'œuvre à ses frontières.

Un premier doute est immédiatement levé. Contrairement à certaines prophéties, la Double Monarchie ne s'effondre pas dès les premières batailles. L'appel lancé par François-Joseph à ses peuples y reçoit un large écho, au point qu'il est permis de parler là aussi, sans exagération, d'union sacrée. De nombreuses questions n'en restent pas moins en suspens. Comme tous les autres belligérants, l'Autriche-Hongrie a cru à une guerre courte. Quand il apparaît que les hostilités vont durer plus longtemps que prévu, s'enchaîne alors toute une série de problèmes dont le poids risque de se faire de plus en plus lourd avec le temps. La guerre, avait-on d'abord pensé, prendrait la forme d'une expédition punitive contre la Serbie qui ne serait au pire qu'une affaire de quelques semaines. Or il se révèle vite que la victime programmée se refuse à tenir ce rôle. Mais surtout l'entrée de la Russie dans le conflit modifie radicalement les perspectives. Dès lors, la Monarchie a-t-elle les moyens de livrer une guerre sur trois fronts quand l'Italie décide de se joindre à l'Entente ? De cette question de fond le reste dépend.

Un mot de l'auteur

J'ai voulu raconter la fin de l'Autriche, de cette monarchie multiséculaire qui fut longtemps un des acteurs principaux de l'histoire de l'Europe. Le livre explique comment la déclaration de guerre de l'Autriche à la Serbie fut à l'origine de la conflagration qui embrasa l'Europe ; il montre comment cette monarchie, alors souvent présentée comme «l'autre homme malade de l'Europe» résista pendant plus de quatre ans à l'épreuve de la guerre ; il analyse les raisons qui, au terme de cette lutte, conduisirent à son effondrement. Avec la fin de l'Autriche-Hongrie, c'est «le monde d'hier» qui s'éteint et l'équilibre de l'Europe qui est dangereusement ébranlé.

Jean-Paul Bled 

Description de l'ouvrage

Bâti sur les décombres de l'Europe napoléonienne, réformé en 1867 pour donner un rôle accru à la Hongrie, l'Empire austro-hongrois pouvait sembler, en 1914, l'une des puissances les plus solides du continent. C'était un empire à l'ancienne, c'est-à-dire qu'il avait l'ambition de fédérer de nombreux peuples hétérogènes. Dans les faits, une majorité d'Allemands et de Hongrois régissaient les destinées de Slaves (Tchèques, Polonais, Slovènes, Croates, etc.) de Roumains et d'Italiens - lesquels cohabitaient d'ailleurs plutôt mal entre eux.

C'est à la suite de l'assassinat de son prince héritier François-Ferdinand que le vieil empereur François-Joseph s'est laissé entraîner dans la guerre, aux côtés de l'Allemagne. Déchiré entre des nationalités différentes, des religions antagonistes, véritable tour de Babel linguistique, l'empire n'a pas supporté le choc. Cinq ans après Sarajevo, ce sont cinq pays nouveaux, fondés sur le principe des nationalités, qui remplacèrent la Double Monarchie. En Autriche même, devenue un État croupion, le jeune empereur Charles Ier (qui avait succédé à François-Joseph en 1 916) dut renoncer.

Jean-Paul Bled, qui est le meilleur spécialiste français de l'Autriche-Hongrie, retrace avec minutie l'agonie d'une monarchie qui n'a pas su s'adapter aux temps nouveaux en dépit des atouts non négligeables qu'elle détenait. Cette page capitale de l'histoire de l'Europe n'a jamais été racontée dans son ensemble.

Professeur émérite à l'université de Paris-IV Sorbonne, Jean-Paul Bled est l'auteur de nombreux ouvrages sur I'Autriche-Hongrie et l'Allemagne du XVIIIe au XXe siècle : François-Joseph (1987), Rodolphe et Mayerling (1989), Marie-Thérèse d'Autriche (2001), Histoire de la Prusse (2007), Bismarck (2010), et tout récemment François-Ferdinand d'Autriche (Tallandier, 2012).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire